“Fidèles aux rendez-vous que le Capitole donne au public toulousain à 12h30, les fameux « Midi du Capitole » *, les mélomanes de la Ville rose ont à nouveau envahi le vaisseau amiral de la culture toulousaine en ce mitan du 9 novembre 2023. Et comme ils ont eu raison ! Encore une fois Christophe Ghristi avait invité à se produire un artiste en représentation au Capitole. Cette fois, c’est le jeune baryton russe Mikhail Timoshenko qui avait cet honneur. Trentenaire depuis quelques jours à peine, celui qui fut in loco un bouleversant Marcello des dernières reprises de La Bohème, avait sélectionné, sous l’intitulé « Chansons de rêveurs », un programme de mélodies françaises et russes. Accompagné, de manière très experte et finement musicale, par la jeune pianiste bulgare Elitsa Desseva, le récital débute avec Maurice Ravel et se clôture avec Jacques Ibert. Vous avez deviné ? Oui, bien sûr, Mikhail Timoshenko a choisi ces deux musiciens et plus particulièrement leurs compositions autour du plus excentrique des rêveurs de la littérature : Don Quichotte. Sept chansons sont donc au programme : romanesque, épique, à boire, du départ, à Dulcinée, du Duc et, enfin, de la mort de Don Quichotte. Tout un panorama d’émotions que s’approprie ce jeune artiste, bouleversant l’auditoire dans le dernier opus dont la prosodie devient alors d’une parfaite netteté...”
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“Le duo que l’on a pu écouter avec enchantement le 8 février à l’Auditorium du Musée d’Orsay, constitué de la pianiste bulgare Elitsa Desseva et du baryton-basse russe Mikhail Timoshenko (qui chante actuellement le rôle de Masetto dans la production de Don Giovanni à l’Opéra Bastille) a ainsi reçu l’enseignement de Véronique Gens et Susan Manoff, Stéphanie d’Oustrac et Pascal Jourdan, Stéphane Degout et Hélène Lucas. Leur CD, « Aimer à loisir » a été publié en septembre 2021 chez B-Records...Dès les premières notes de Ravel, fascinante figuration pianistique d’une guitare rêvée, on est captivé par le jeu d’Elitsa Desseva et on le restera jusqu’à la fin du concert. La jeune pianiste nous fait entrer dans la profondeur du son des harmonies ravéliennes, mettant en exergue telle aspérité tout en proposant à son partenaire, l’excellent Mikhail Timoshenko, un paysage polychrome et sensuel, alternativement interrogatif et lyrique, dans lequel le chanteur peut voyager à loisir et grâce auquel il peut véritablement déployer toutes les facettes de son art. Poulenc ouvre ensuite d’autres mondes : sur les poèmes ironiques et désenchantés d’Apollinaire, les deux interprètes savourent et nous font savourer un éventail très ouvert d’onirisme, de sensualité et de second degré : à ce point de vue les mélodies « Hôtel » et « Voyage à Paris » sont, chacune dans son genre, des modèles d’intelligence de la matière sonore, tant vocale que pianistique. C’est un compositeur russe peu connu dans nos contrées qui inaugure la partie russe du programme : Georgy Sviridov (1915-1998). Sur des poèmes de Sergueï Essenine, « suicidé » par le régime soviétique à Leningrad en 1925, Sviridov écrit, dans un cycle composé en 1987 et intitulé « La Russie à la dérive », des pages d’une nostalgie poignante dont Mikhail Timoshenko et Elitsa Desseva mettent fort bien en valeur l’alliage de nudité et de lyrisme. Avec Tchaïkovski, on revient à la plénitude d’un « bel canto à la russe », avec également, chez ce compositeur francophile, le souvenir de la romance. On est ici captivé par l’aisance des deux interprètes à varier les tonalités, les couleurs, les nuances, dans une belle fidélité aux compositeurs qu’ils ont choisis. Avec Jacques Ibert (nom prédestiné pour un compositeur s’intéressant à l’Espagne… !), ils proposent quelque chose comme une apothéose : les Chansons de Don Quichotte composées pour un film de Pabst (1933) consacré au personnage imaginé par Cervantés, suscitent dans l’Auditorium du Musée d’Orsay une émotion tangible, tant la ferveur et la profondeur de Mikhail Timoshenko (en particulier dans la toute dernière mélodie : La Mort de Don Quichotte) se voient soutenues par la densité émotionnelle de l’interprétation d’Elitsa Desseva. Un moment d’exception que ce récital...”
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